dimanche 13 février 2011

Mutilation génitales féminines: Le ministère de la Promotion de la femme et de la famille a dévoilé sa stratégie mardi dernier à Yaoundé.


Marie Thérèse Abena Ondoua, le ministre de la Promotion de la femme et de la famille, a organisé mardi 8 février 2011, une rencontre avec les autorités traditionnelles de la Briquerie à Yaoundé. Cette séance de travail avec les leaders d’opinion de ce quartier présenté comme fief de la pratique des mutilations génitales féminines à Yaoundé s’inscrivait dans le cadre de la commémoration, le 6 février passé de la quatrième Journée internationale « Tolérance zéro » aux mutilations génitales (Mgf sous le thème : »Engagement des gouvernements indispensables à la tolérance zéro aux Gmf ». Une journée instituée par le Comité inter africain sur les pratiques traditionnelles néfastes pour la santé de la femme (Ci-af), en 2003 à Adis Abeba et que le Cameroun commémore depuis 2007.
Selon le ministre Obama, 28 pays africains sont concernés par les Gmf. 13 millions de femmes dans le monde subissent les mutilations génitales 1,4% de la population féminine au Cameroun. D’où la d’un partenariat entre le gouvernement et la société civile pour des résultats efficaces. Le plan national présenté mardi 8 février dernier prévoit entre autres, l’élaboration d’un guide de prise en charge afin d’anticiper et de réduire les nouveaux cas de Mgf. Même si les cas de décès ne sont pas recensés, les mutilations génitales affectent la santé de la femme. Et selon le Pr Mboudou, gynécologue en service à l’hôpital général de Yaoundé. La femme qui a subi des mutilations génitales est exposée aux complications lors de l’accouchement. Elle n’échappe pas à la césarienne. D’autre part, l’excision affecte psychologiquement la femme qui se sent très diminuée par rapport à celles qui n’ont pas subi cette pratique.
Comfort Effiom, représentante du Ci-af au Cameroun, pense que la loi reste indispensable dans la lutte contre les Mgf.
Adrienne Engono

lundi 7 février 2011

lutte contre les mutilations: Le Ci-af se déploie pour un an

Le Comité inter africain sur les mutilations génitales féminines a lancé hier 6 février, une campagne de sensibilisation sur les dangers des Mgf à Yaoundé.


Le Comité inter africain sur  les pratiques traditionnelles qui ont des effets sur la femme sensibilise des exciseurs de Yaoundé sur les dangers des mutilations génitales. C’était ce dimanche 6 février 2011, lors de la commémoration  de la quatrième Journée « Tolérance zéro aux Mgf ».
 Le Cameroun, comme  la communauté internationale, a commémoré ce dimanche 6 février 2011, la quatrième Journée « Tolérance zéro aux Mgf » sous le thème : « Engagement  des gouvernements indispensable pour atteindre la tolérance zéro aux mutilations génitales féminines ».
Le comité inter africain sur les pratiques traditionnelles qui ont des effets sur la femme (Ci-af), Ong panafricaine, a organisé une rencontre avec les exciseurs de la Briqueterie, un quartier de l’arrondissement de Yaoundé II, qui abrite essentiellement les ressortissants des trois régions du grand nord Cameroun (Adamaoua, Nord et Extrême Nord)  ceux des pays d’Afrique de l’Ouest. Selon Comfort Effiom, point focal du Ci-af au Cameroun, « ce quartier de la capitale camerounaise a accueilli et hébergé les mutilations génitales féminines et toutes les autres pratiques traditionnelles néfastes que combat l’Ong panafricaine ».
Elle pense qu’avec la difficulté qu’il y a à atteindre au même moment les localités où se pratique l’excision,  une bonne campagne menée contre les mutilations à Yaoundé, peut faire bouger les choses  dans les localités d’origine des populations de la Briqueterie. Le point focal du Ci-af indique qu’au Cameroun il existe plusieurs pratiques néfastes pour la santé de la femme « les femmes utilisent le tabac, les pierres jaunes et blanches pour leur toilette intime, il ya le repassage des seins et du ventre. Tout cela est décrié par la Comité », dit-elle. Pour elle, la croisade lancée ce dimanche et qui s’inscrit en droite ligne de la campagne ouverte le 23 septembre 2010 à New York en marge du sommet des Nations unies,  va se traduire par des descentes sur les zones de pratiques d’excisions, de mariages précoces et d’autres formes de pratiques néfastes.
Au Cameroun, l’excision, mutilation génitale plus dégradante se pratique dans le département du Logone et Chari à la frontière avec le Tchad et situé à 2000 km de Yaoundé, et dans le département de la Manyu proche du Nigeria à 450km environ de Yaoundé.
Après la causerie qui leur a présenté les dangers des mutilations génitales féminines, les Wanzams, nom qu’on donne aux exciseurs au quartier Briqueterie, disent que cette pratique leur permet de gagner leur vie, pour cela, ils souhaitent que les autorités leu trouvent des activités qui peuvent leur permettre de se reconvertir. Aboubakar Ben Mohamadou, le chef des exciseurs de la Briqueterie a dit que pour que la lutte contre les Mgf soit efficace, le gouvernement doit faire voter une loi pour que ceux qui continuent sur cette voie soient punis. 
Adrienne Engono
L'expert.
Le Pr Emile Mboudou, gynécologue obstétricien en service à l’hôpital général de Yaoundé condamne toute forme de mutilations génitales
Il explique qu’en plus du fait qu’en général,  ces pratiques affectent la santé de la femme en l’exposant aux problèmes de stérilité, l’excision en particulier, peut entraîner la mort de la fille suite aux saignements abondants, aux infections liées à l’utilisation du matériel tranchant souillé, à la transmission du vih, sans oublier les antécédents psychologiques qui vont à la longue altérer la sexualité de la femme excisée. Le ministère de la Promotion de la femme et de la famille annonce une rencontre avec les leaders du quartier Briqueterie mardi 8 février 2011, pour les sensibiliser sur méfaits des Mgf.
Propos recueillis par A.E

Alun: La pierre qui rend "la virginité aux femmes"

La pierre blanche est utilisée pour la toilette intime afin de redevenir vierges. Pour le Dr Roger Dongmo, c'est plutôt une pratique dangereuse.





Selon une enquête de la Pana à Yaoundé, la pierre d’alun provoque des complications génitales à celles qui l’utilisent plutôt que de leur rendre la virginité. A Mokolo, le plus grand marché de Yaoundé et l’un des plus grands du Cameroun, même si leurs étals ne sont pas à portée de main, les vendeuses de la pierre d’alun sont très connues. Ici, les autres usages de la pierre ne sont pas maîtrisés par les autres commerçants  auprès desquels vous pouvez vous renseigner sur le lieu où l’on peut la trouver dans le marché. La seule chose qu’ils vous disent  de cette pierre en riant c’est qu’elle est utilisée pour la toilette intime de la femme afin de rendre à la femme sa virginité.
Selon Jean-Marie Montoki, enseignant de géologie dans un lycée d’enseignement général dans le deuxième arrondissement de Yaoundé, la pierre d’alun communément appelée pierre blanche ou alom, est un minéral composé de sulfure et de potasse utilisé dans la cosmétique surtout comme déodorant. Il ajouté que la pierre d’alun est aussi utilisée par les barbiers après le rasage et pour des problèmes de peau. La quarantaine dépassée, Adja, très connue au marché de Mokolo, vend du sel gemme, du caolin et d’autres épices. Mais selon ses dires, la pierre blanche est l’article le plus sollicité de son étal « par des jeunes filles, des adultes, des vielles femmes et des hommes ». Les hommes, explique-t-elle, me disent souvent qu’ils achètent l’alun pour appliquer sur le menton après le rasage parce que ça soigne les brûlures du rasoir. A la question de savoir si c’est pour les mêmes raisons que les femmes en général s’approvisionnent chez elle, Adja confie : « C’est pour nettoyer leur sexe, pour redevenir vierge ». La vendeuse d’épices révèle que les jeunes filles qui se présentent elles-mêmes devant sont des belles de nuit, tandis que des mamans viennent acheter la pierre d’alun par précautions pour leurs filles avant mariage.
La clientèle d’Adja s’est élargît depuis que la pierre attire des femmes autres que celles originaires de la zone septentrionale du pays. « Il nous arrive d’être en rupture de stock. Beaucoup de femmes, en dehors de celles du septentrion, l’utilisent déjà beaucoup. Ce qui fait qu’aujourd’hui, les prix ont augmenté, portant le coût de paquet il y a peu vendu à 200Fcfa à 500Fcfa ». Adja prescrit des précautions aux clientes : « Il ne faut pas introduire la pierre dans la partie intime comme une ovule parce que ça peut complètement fermer la voie. Il faut mettre un petit bout dans un litre et demi d’eau », dit-elle en montrant un morceau de pierre de 20 grammes environ. Elle ignore d’où provient la pierre, mais elle dit qu’elle se ravitaille souvent au quartier Briqueterie auprès des grossistes.
Selon Amadou Massaoudou, vendeur dans un magasin à la Briqueterie, la pierre d’alun vient du Nord du Cameroun. Jodelle Ndo, fille de joie, dit qu’elle utilise l’alun de temps en temps depuis six mois comme antiseptique du fait de sa capacité à éliminer la mauvaise odeur, sur conseils de sa copine. « J’ai constaté qu’après usage, j’ai des pertes très sales pendant même cinq jours et après je suis propre et depuis que j’utilise la pierre blanche, certains hommes reviennent à moi, ce qui n’était pas le cas avant », avoue-t-elle. Jodelle Ndo précise qu’avant de découvrir la pierre, elle utilisait le tabac pour la toilette, malheureusement, celui-ci a un parfum insupportable, en plus du fait, contrairement à l’alom,  que vous ne pouvez pas l’acheter sans attirer quelques regards interrogatifs autour de vous.
Moustapha Ibrahim, ressortissant du Nord, raconte que l’usage de la pierre blanche se fait par la mère et la grand-mère de la fille qui ne veulent pas que leur progéniture soit répudiée par la famille de son époux pour n’avoir pas conservé sa virginité. « Dès que dans une famille une seule fille subit cette humiliation, toutes les autres perdent la chance de se marier. Leur mère également perd l’estime de son mari, tout comme leur grand-mère maternelle », explique Moustapha Ibrahim. 
Adrienne Engono

Eclairage
Le Dr Roger Dongmo, gynécologue-obstétricien en service au centre mère et enfant du cinquième arrondissement de Yaoundé parle des risques à utiliser cette pierre et d’autres objets pour la toilette intime.
Il considère que toutes les macérations utilisées par les femmes pour leur toilette intime découlent des pratiques traditionnelles. Mais, poursuit-il,  « ces mélanges pour la plupart sont corrosifs. Les femmes disent qu’elles les utilisent pour rendre le vagin serré donc confortable pour des rapport sexuel, malheureusement, elles s’exposent aux risques ». Roger Dongmo relève le fait que pendant l’accouchement, l’utérus qui a subi les agressions de ces produits traditionnels perd sa souplesse, impose la césarienne à  la femme (désormais victime à la fibrose vaginale) pour la libération l’enfant. Il indique par ailleurs que la pierre blanche, parce qu’elle est caustique provoque des brûlures dans le vagin ce qui fait que pendant le rapport sexuel désormais très douloureux, la femme saigne et le partenaire est convaincu qu’il est le premier à connaître sa femme. Pour le gynécologue, il faut encourager les rapports sexuels précoces chez la femme qui a utilisé la pierre d’alun pour redonner au vagin son élasticité et la soumettre à un traitement antiseptique et antibiotique pour prévenir les infections. Il indique que si des mesures ne sont pas prises à l’immédiat, la femme s’expose à la stérilité parce les germes vont va migrer du vagin vers l’utérus et infecter tout l’appareil génital. Ce sont des mutilations génitales qui ne disent pas leur nom. Il conseille aux femmes d’utiliser de l’eau propre et du savon pour leur toilette tout en évitant d’introduire les doigts dans leur vagin. Les ovules et les lotions antiseptiques doivent être utilisés sur prescription médicale et sur une durée déterminée. 
Propos recueillis par A.E

 

lundi 13 décembre 2010

Mutilations génitales:Un comité local de lutte installé à Mamfé

C’est à l’occasion des 16 jours de lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes que le ministre de la Promotion de la femme et de la famille, Marie Thérèse Obama, s’est personnellement rendue à Mamfé, dans le département de la Manyu, région du Sud-Ouest à 400 km environ de Yaoundé. Ce département est réputé pour être l’une des premières bases des mutilations génitales féminines et des mariages précoces et forcés. Marie thérèse Obama a installé un comité local de lutte contre les mutilations génitales a été installé par Marie Thérèse Obama. Madame le ministre a tenu à dire aux femmes qui pratiquent l’excision et aux chefs traditionnels qui encouragent cette pratique que non seulement l’excision ramène la jeune fille des années en arrière mais, elle la traumatise physiquement, moralement et psychologiquement. Marie Thérèse Obama a aussi dit que les mutilations génitales féminines sont une violation aux droits  et la dignité de la femme.
Avec l’appui de ses partenaires, le ministère de la Promotion de la femme et de la famille a apporté un appui à la communauté de la Manyu afin de la permettre de mener des activités génératrices de revenus. Il faut souligner que ceux qui pratiquent les mutilations génitales féminines évoquent souvent le manque de moyens pour leur survie qui les poussent à chercher un peu d’argent pour se maintenir. Le Comité de luttte contre les mutilations génitales féminines, compte en son sein des députés, à l’exemple de Rose Abunaw Makia. Un espoir qu’une loi contre les pratiques traditionnelles néfastes pourra être votée au parlement dans les prochains jours.
Tony Pierre Ulrich

vendredi 3 décembre 2010

Obi Joseph : « Les mariages précoces et forcés restent un problème sérieux à Akwaya »

Dans un entretien qu’il nous accordé, le chef de la chaîne communautaire, Voice of Rural Radio Manyu , à plus de 300 km de Yaoundé, dans la région du sud Ouest, il présente les pratiques traditionnelles qui ont cours là bas et les moyens qui sont utilisés pour les combattre.
Quand on parle de la Manyu ou de son chef lieu qui est Mamfe, on voit tout de suites les pratiques traditionnelles néfastes, notamment les mutilations génitales féminines. Qu’en pensez-vous ?
Merci de cette question, je suis moi-même, particulièrement concerné par les  mutilations génitales féminines parce que cette pratique a cours dans mon territoire. Je suis également chef traditionnel dans un village de la Manyu. Aucun des quatre arrondissements du département de la Manyu (Eyumudjong, Mamfe, Opabanya, Akaya) n’est par ce phénomène.
Pour quelles raisons avancent ceux qui promeuvent cette pratique ?
Les raisons sont liées à la tradition. Chez les Edjagam par exemple où elle est systématique, ils disent qu’une femme non mutilée ne peut pas avoir d’appétit sexuel. En plus, la cérémonie de mutilation est un moment de retrouvailles. Parfois, les filles envient leurs camardes parce qu’elles sont aux petits soins  pendant au moins les trois mois qui suivent la mutilation. Elles sont dans une chambre, on leur apporte tout sur place, elles en ressortent bien dodues. Elles sont célébrées le jour de leur sortie d’hospitalisation, on leur fait exécuter la danse Monikim, réservée aux filles excisées. L’autre raison est économique, les exciseuses obtiennent des présents : pagnes, sel, maïs, sac de riz, huile et même de l’argent en espèce.
Combien reçoivent-elles ?
Vous savez, nous sommes dans une zone très pauvre et une femme qui passe un an sans voir un billet de 2000Fcfa et qui en reçoit après quelques heures de prestation, vus convenez avec moi qu’elle n’hésitera pas à faire tout ce qu’il faut pour gagner son argent.
Combien d’excision peut faire une exciseuse par an ?
Quatre environ.
Mais comment peut-elle gagner sa vie de la sorte si elle perçoit 2000Fcfa par excision ?
N’oubliez pas les cadeaux qu’on lui donne et qui peuvent l’aider à se maintenir pendant des mois.
Y a-t-il déjà des gens qui combattent ces pratiques ?
Oui il y a des Ong, comme le Ci-af, plan Cameroun et Halena foundation, qui s’investissent depuis quelques années. Les radios communautaires comme la mienne qui sont leurs partenaires. Grâce à leur action, un mémorandum a été signé avec tous les chefs traditionnels de la Manyu. Ils se sont engagés à ne plus laisser des gens pratiquer les mutilations génitales féminines. La stigmatisation des filles non mutilées régresse et les mutilations aussi.
A quel âge se fait la mutilation ?
A tout âge, avant la ménopause La fille qui échappe à cette opération chez ses parents la subit juste après son premier accouchement. Sa belle famille l’exige à son mari qui est obligé de l’accepter.
Qu’en est-il des mariages précoces ?
Les mariages précoces restent un casse-tête pour actuellement. Ils se pratiquent à Akwaya qui est  le plus large arrondissement de la Manyu. Il a 99 villages et il est très enclavé, à la frontière avec le Nigéria.
Comment ça se passe ?
L’enfant est doté dans le ventre de sa mère. Le fiancé,  très souvent l’ami du père du futur bébé, déclare que l’enfant qui est dans le ventre sera sa femme.  Directement, il commence à verser le nécessaire pour la dot.
C’est quoi ce nécessaire ?
Des tines d’huile, du poisson, du gibier de la viande, du sel du vin. Il le fait à compte-gouttes, il s’occupe de l’enfant jusqu’à l’âge de 8 ou 10 ans ça dépend de la morphologie de la fille et puis elle devient sa femme.
Qu’est-ce qui est fait pour combattre les mariages précoces ?
Pour le moment c’est très compliqué. Mais le diocèse de Mamfe qui mène une campagne à travers son programme Caritas. Mais leurs moyens limités ne leur permettent pas de freiner l’ampleur du phénomène.
En quoi se décline leur lutte ?
Ils récupèrent les filles des foyers, remboursent la dot et les réinscrivent à l’école. Ça marche parce que quatre filles récupérées suivent une scolarité normalement. Il faut les soutenir dans ce combat. Et l'Etat doit faire quelque chose à mon avis.
Entretien mené par Adrienne Engono