lundi 13 décembre 2010

Mutilations génitales:Un comité local de lutte installé à Mamfé

C’est à l’occasion des 16 jours de lutte contre les pratiques traditionnelles néfastes que le ministre de la Promotion de la femme et de la famille, Marie Thérèse Obama, s’est personnellement rendue à Mamfé, dans le département de la Manyu, région du Sud-Ouest à 400 km environ de Yaoundé. Ce département est réputé pour être l’une des premières bases des mutilations génitales féminines et des mariages précoces et forcés. Marie thérèse Obama a installé un comité local de lutte contre les mutilations génitales a été installé par Marie Thérèse Obama. Madame le ministre a tenu à dire aux femmes qui pratiquent l’excision et aux chefs traditionnels qui encouragent cette pratique que non seulement l’excision ramène la jeune fille des années en arrière mais, elle la traumatise physiquement, moralement et psychologiquement. Marie Thérèse Obama a aussi dit que les mutilations génitales féminines sont une violation aux droits  et la dignité de la femme.
Avec l’appui de ses partenaires, le ministère de la Promotion de la femme et de la famille a apporté un appui à la communauté de la Manyu afin de la permettre de mener des activités génératrices de revenus. Il faut souligner que ceux qui pratiquent les mutilations génitales féminines évoquent souvent le manque de moyens pour leur survie qui les poussent à chercher un peu d’argent pour se maintenir. Le Comité de luttte contre les mutilations génitales féminines, compte en son sein des députés, à l’exemple de Rose Abunaw Makia. Un espoir qu’une loi contre les pratiques traditionnelles néfastes pourra être votée au parlement dans les prochains jours.
Tony Pierre Ulrich

vendredi 3 décembre 2010

Obi Joseph : « Les mariages précoces et forcés restent un problème sérieux à Akwaya »

Dans un entretien qu’il nous accordé, le chef de la chaîne communautaire, Voice of Rural Radio Manyu , à plus de 300 km de Yaoundé, dans la région du sud Ouest, il présente les pratiques traditionnelles qui ont cours là bas et les moyens qui sont utilisés pour les combattre.
Quand on parle de la Manyu ou de son chef lieu qui est Mamfe, on voit tout de suites les pratiques traditionnelles néfastes, notamment les mutilations génitales féminines. Qu’en pensez-vous ?
Merci de cette question, je suis moi-même, particulièrement concerné par les  mutilations génitales féminines parce que cette pratique a cours dans mon territoire. Je suis également chef traditionnel dans un village de la Manyu. Aucun des quatre arrondissements du département de la Manyu (Eyumudjong, Mamfe, Opabanya, Akaya) n’est par ce phénomène.
Pour quelles raisons avancent ceux qui promeuvent cette pratique ?
Les raisons sont liées à la tradition. Chez les Edjagam par exemple où elle est systématique, ils disent qu’une femme non mutilée ne peut pas avoir d’appétit sexuel. En plus, la cérémonie de mutilation est un moment de retrouvailles. Parfois, les filles envient leurs camardes parce qu’elles sont aux petits soins  pendant au moins les trois mois qui suivent la mutilation. Elles sont dans une chambre, on leur apporte tout sur place, elles en ressortent bien dodues. Elles sont célébrées le jour de leur sortie d’hospitalisation, on leur fait exécuter la danse Monikim, réservée aux filles excisées. L’autre raison est économique, les exciseuses obtiennent des présents : pagnes, sel, maïs, sac de riz, huile et même de l’argent en espèce.
Combien reçoivent-elles ?
Vous savez, nous sommes dans une zone très pauvre et une femme qui passe un an sans voir un billet de 2000Fcfa et qui en reçoit après quelques heures de prestation, vus convenez avec moi qu’elle n’hésitera pas à faire tout ce qu’il faut pour gagner son argent.
Combien d’excision peut faire une exciseuse par an ?
Quatre environ.
Mais comment peut-elle gagner sa vie de la sorte si elle perçoit 2000Fcfa par excision ?
N’oubliez pas les cadeaux qu’on lui donne et qui peuvent l’aider à se maintenir pendant des mois.
Y a-t-il déjà des gens qui combattent ces pratiques ?
Oui il y a des Ong, comme le Ci-af, plan Cameroun et Halena foundation, qui s’investissent depuis quelques années. Les radios communautaires comme la mienne qui sont leurs partenaires. Grâce à leur action, un mémorandum a été signé avec tous les chefs traditionnels de la Manyu. Ils se sont engagés à ne plus laisser des gens pratiquer les mutilations génitales féminines. La stigmatisation des filles non mutilées régresse et les mutilations aussi.
A quel âge se fait la mutilation ?
A tout âge, avant la ménopause La fille qui échappe à cette opération chez ses parents la subit juste après son premier accouchement. Sa belle famille l’exige à son mari qui est obligé de l’accepter.
Qu’en est-il des mariages précoces ?
Les mariages précoces restent un casse-tête pour actuellement. Ils se pratiquent à Akwaya qui est  le plus large arrondissement de la Manyu. Il a 99 villages et il est très enclavé, à la frontière avec le Nigéria.
Comment ça se passe ?
L’enfant est doté dans le ventre de sa mère. Le fiancé,  très souvent l’ami du père du futur bébé, déclare que l’enfant qui est dans le ventre sera sa femme.  Directement, il commence à verser le nécessaire pour la dot.
C’est quoi ce nécessaire ?
Des tines d’huile, du poisson, du gibier de la viande, du sel du vin. Il le fait à compte-gouttes, il s’occupe de l’enfant jusqu’à l’âge de 8 ou 10 ans ça dépend de la morphologie de la fille et puis elle devient sa femme.
Qu’est-ce qui est fait pour combattre les mariages précoces ?
Pour le moment c’est très compliqué. Mais le diocèse de Mamfe qui mène une campagne à travers son programme Caritas. Mais leurs moyens limités ne leur permettent pas de freiner l’ampleur du phénomène.
En quoi se décline leur lutte ?
Ils récupèrent les filles des foyers, remboursent la dot et les réinscrivent à l’école. Ça marche parce que quatre filles récupérées suivent une scolarité normalement. Il faut les soutenir dans ce combat. Et l'Etat doit faire quelque chose à mon avis.
Entretien mené par Adrienne Engono